Portrait de Nicolas PINIER (promo 2002), boulanger sous le soleil du Mexique, à San Cristobal de las Casas.
Arrivé au Mexique il y a maintenant presque 3 ans, Nicolas a commencé par rénover un vieux four à bois à l’abandon. Ensuite son savoir faire et ses connaissances lui ont permis de devenir l’un des meilleurs boulangers de cette région mexicaine. Sa spécialité ? Les viennoiseries, notamment les pains aux chocolats garnis de chocolat maison.
La boulangerie, après le BAC, ce n’est pas politiquement correct, aux yeux du plus grand nombre. Quelle a été la réaction de ton entourage quand tu leur as annoncé ton choix ?
La décision était prise depuis longtemps avant le bac, la réaction de mon père a été «passe ton bac d’abord». Les profs du lycée ne te croient pas, ils pensent que c’est une autre blague de mauvais élève. Mais en général, les gens me disaient que je devrais mieux utiliser mes capacités en allant à la fac, travailler avec ma cervelle plutôt que mes mains. En tout cas, aujourd’hui, c’est à moi d’embaucher tous ces gens qui sont allés à la Fac ou en BTS ou IUT…
France ou étranger. Quel a été ton parcours depuis la fin de ta formation en boulangerie au CFA BPF ?
Après la formation au CFA BPF, j’ai travaillé un an en Suisse (Genève), dans les Caraïbes, en Floride à Key West pendant un an et demi, puis quelques mois à Chambéry à la Talemelerie. Ensuite au Canada à Montréal, pendant 8 mois, dans une boulangerie «Première Moisson». Et depuis juin 2006, je suis à San Cristobal de las Casas au Mexique, où j’ai monté mon propre business. Cela tourne comme sur des roulettes, je suis d’ailleurs en train de m’agrandir…
Tu rencontres un jeune qui hésite à devenir boulanger. Sois franc : cite les 2 avantages qui te paraissent majeurs et 2 inconvénients (y’a pas de raison, y’en a aussi !).
Les avantages sont qu’à l’étranger la position de boulanger français est très valorisante : que ce soit au niveau du salaire (2500 euros/mois en suisse, 600 dollars/semaine aux USA et Canada). Ce statut permet d’avoir une autre approche avec les patrons. Par exemple, je préfère travailler de jour que de nuit. Avec mon statut de « boulanger français », on ne me refuse rien… Si tu deviens comptable avec ton bac +X, c’est moi qui vais t’embaucher plus tard, je ne travaille pour personne sauf pour moi-même.
En tant que mon propre patron, je n’ai ni horaire, ni petit chef au-dessus pour « me les briser ». Je travaille seulement quand j’en ai envie ou besoin, et donc ce n’est pas tous les jours ! Sinon désolé, je ne vois aucun inconvénient pour l’instant, à part que je n’aime pas trop commander mon personnel, mais on s’arrange.
Imagine : aujourd’hui, tout est à refaire. Signes-tu toujours pour la boulangerie ou changes-tu de métier ?
Cf la réponse à la dernière question, bien sûr que je signe !
Pour finir, quel est ton produit de boulangerie ou pâtisserie «chouchou» ?
Le pain aux raisins sans raisin, mais au chocolat…
Le mot de la fin :
Signe pour la boulange mon ami !
Reportage très intéressant sur ce petit boulanger avec qui j’ai eu le bonheur de faire ma formation. Je suis content de voir qu’il a trouvé un bel équilibre entre son travail et son temps libre même si je doute que tous les boulangers puissent se vanter de cette liberté. Il ne me reste plus qu’une chose à faire: lui rendre visite au Mexique.